Les prix des loyers augmentent dans les grandes villes européennes, créant une crise du logement qui affecte de manière disproportionnée les travailleurs à faibles revenus et ceux qui n’ont pas d’emploi stable. Si des salaires plus élevés peuvent atténuer certains effets, l’intervention du gouvernement reste une solution rare mais cruciale, écrit le réseau européen de journalisme de données (European Data Journalism Network). L’article a été publié en hongrois ici.
La règle traditionnelle qui consiste à ne pas consacrer plus de 30 % de ses revenus au loyer devient irréaliste. De nombreux salariés à revenus faibles ou moyens sont aujourd’hui exclus des villes pour des raisons financières. L’étude a examiné les ratios loyer/salaire dans 26 villes européennes et a révélé que :
– Les villes où les salaires sont plus élevés s’en sortent généralement mieux malgré la hausse des loyers.
– Les politiques gouvernementales, telles que le logement social et le contrôle des loyers, contribuent à protéger les locataires.
– Vienne obtient les meilleurs résultats en raison de ses politiques de logement rigoureuses, tandis que Budapest souffre de la faiblesse des protections offertes aux locataires.
Impact sur les locataires
Les jeunes travailleurs, les ouvriers et les travailleurs indépendants sont particulièrement touchés, car ils ont du mal à se loger à proximité de leur lieu de travail. Les longs trajets depuis les zones les moins chères sont souvent impraticables en raison du manque de transports publics, ce qui entraîne des pénuries de main-d’œuvre dans des secteurs critiques. 
Ce que disent les données
Les données recueillies dans 26 villes européennes brossent un tableau sombre de la situation des locataires, en particulier de ceux qui gagnent un bas salaire. Dans toutes les villes étudiées, un bas salaire ne peut se permettre de louer un appartement standard au prix du marché. Budapest et Lisbonne se distinguent par leur situation particulièrement problématique : un salarié à bas salaire aurait besoin de plus de 300 % de ses revenus pour louer un appartement. Même les personnes à revenu moyen sont en difficulté : à Lisbonne, les loyers représentent près de 88 % du salaire médian, ce qui rend presque impossible la location d’un appartement par une personne seule.
Dans la plupart des villes, l’accessibilité est un problème même pour ceux qui gagnent plus près du salaire médian. Seules quatre villes – Vienne, Turin, Helsinki et Bruxelles – permettent aux personnes à revenu moyen de louer un logement dans la limite du seuil de 30 %. À Belgrade, les coûts de location représentent environ 58 % du salaire moyen, tandis qu’à Dublin, ce chiffre atteint 69 %, ce qui indique de graves problèmes d’accessibilité dans l’ensemble des villes.
Faible offre et disparition des quartiers
Dans de nombreuses villes, l’augmentation des loyers est due au manque d’offre de logements et à la transformation des quartiers en raison de l’embourgeoisement. Des villes comme Vienne ont réussi à atténuer ce problème grâce à des programmes de logements sociaux à grande échelle, mais d’autres, comme Budapest, ont laissé les locataires vulnérables en raison d’un manque de politiques publiques soutenant le logement abordable.
Le nombre limité de nouvelles constructions, associé à l’afflux de résidents plus aisés, a remodelé les zones urbaines dans de nombreuses villes. L’embourgeoisement entraîne une hausse des prix, obligeant les résidents de longue date à quitter leur logement. Budapest en est un exemple frappant, où des années de négligence dans les politiques de location ont créé une crise du logement. Sans intervention, de nombreux centres urbains risquent de perdre leur diversité culturelle et économique, les logements devenant de plus en plus inabordables.
Conclusion
Si des salaires élevés peuvent atténuer l’impact de la hausse des loyers, ils ne résolvent pas la crise fondamentale du logement. Sans changement de politique, l’Europe risque d’exclure des travailleurs clés de ses villes, ce qui aggravera les inégalités économiques et sociales.